Da Libération del 25/05/2005
Originale su http://www.liberation.fr/page.php?Article=298841
L'ombre de Berlusconi sur le «Corriere»
La rédaction s'inquiète pour son indépendance face à l'offensive d'un raider lié au pouvoir.
di Laure Stephan
Rome - Pas de Corriere della Sera dans les kiosques, dimanche. Les journalistes du premier quotidien national italien étaient en grève, la veille, pour revendiquer leur «indépendance». Celui qui menace cette indépendance, selon eux, s'appelle Stefano Ricucci. Cet homme d'affaires romain de 42 ans a bâti sa fortune dans l'immobilier. Il s'est offert, en quelques mois, 13,5 % du capital du puissant groupe Rizzoli-Corriere della Sera (RCS), la maison mère du quotidien. Une percée «peu transparente», selon la rédaction. Car Ricucci est donné pour proche de Silvio Berlusconi, président du Conseil italien et lui-même patron d'un empire médiatique.
Polémique. Ricucci va-t-il lancer une OPA sur RCS, afin d'en prendre le contrôle absolu ? Au Corriere, certains le craignent. «Notre situation est obscure, explique Raffaele Fiengo, l'un des représentants des 362 journalistes au comité de rédaction, chargé de défendre les journalistes auprès de la direction de l'entreprise. Ricucci est né de rien et il s'est enrichi dans un monde fait de spéculation. Nous constatons qu'en Bourse, les actions de RCS sont achetées plus cher qu'elles ne le valent.»
Le peu de clarté de la démarche de Ricucci nourrit aussi la polémique dans la presse : l'homme d'affaires agit-il par pure spéculation ? «Roule-t-il pour lui, ou pour des amis ?», comme l'écrivait, hier, l'autre grand quotidien de la péninsule, la Repubblica. Ces rumeurs d'OPA, Stefano Ricucci les a cependant plusieurs fois démenties. Il affirmait récemment, dans les tribunes de Panorama, hebdomadaire du groupe Mondadori (propriété de Berlusconi), que le monde de l'édition était sa «marotte» et que sa prise de capital dans RCS était seulement «stratégique».
Pour Raffaele Fiengo, la crise qui touche le Corriere marque bien pourtant «l'anormalité de l'Italie». «L'indépendance de la presse est de plus en plus difficile, explique le représentant des journalistes. Les équilibres étaient déjà précaires, mais Berlusconi a aggravé la situation. Les investisseurs utilisent de plus en plus la presse comme outil d'influence et de pouvoir.» Le comité de rédaction du quotidien a d'ailleurs rappelé, lors de la grève des journalistes, la nécessité de «renforcer l'autonomie du journal».
«Assauts». Les actionnaires actuels de RCS de grands groupes comme Fiat, Mediobanca, Generali, Pirelli, représentant 57 % du capital et liés par un pacte soulignent qu'ils souhaitent une «presse indépendante et pluraliste». Ils se sont engagés la semaine dernière à défendre l'autonomie du Corriere «face à toute spéculation financière et politique».
Le comité de rédaction attend des signes concrets de ces déclarations. Et souligne que la crise que vit le Corriere ne vient pas seulement des «assauts externes», comme le dit Raffaele Fiengo, «mais est aussi interne». «On préfère miser sur la publicité et les produits dérivés, plutôt que sur les journalistes ou le développement de leurs outils de travail», déplore le représentant de la rédaction.
Si, pour l'heure, aucune autre grève n'est prévue, le comité de rédaction espère obtenir une rencontre avec les responsables du groupe, afin d'inscrire dans les statuts de la société des règles garantissant l'autonomie du quotidien.
Polémique. Ricucci va-t-il lancer une OPA sur RCS, afin d'en prendre le contrôle absolu ? Au Corriere, certains le craignent. «Notre situation est obscure, explique Raffaele Fiengo, l'un des représentants des 362 journalistes au comité de rédaction, chargé de défendre les journalistes auprès de la direction de l'entreprise. Ricucci est né de rien et il s'est enrichi dans un monde fait de spéculation. Nous constatons qu'en Bourse, les actions de RCS sont achetées plus cher qu'elles ne le valent.»
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Pour Raffaele Fiengo, la crise qui touche le Corriere marque bien pourtant «l'anormalité de l'Italie». «L'indépendance de la presse est de plus en plus difficile, explique le représentant des journalistes. Les équilibres étaient déjà précaires, mais Berlusconi a aggravé la situation. Les investisseurs utilisent de plus en plus la presse comme outil d'influence et de pouvoir.» Le comité de rédaction du quotidien a d'ailleurs rappelé, lors de la grève des journalistes, la nécessité de «renforcer l'autonomie du journal».
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