Da Le Monde del 11/08/2005
Originale su http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-678967,0.html

Analyse

L'opacité persistante du capitalisme italien, par Jean-Jacques Bozonnet

di Jean-Jacques Bozonnet

Le patriotisme financier dont se sont réclamés la Banque d'Italie et le gouvernement Berlusconi pour défendre "l'italianité" du système bancaire transalpin face aux OPA lancées par deux groupes étrangers sur deux banques de la Péninsule tourne à la débâcle. Les attaques étrangères ont certes été repoussées, mais au prix d'un scandale qui ébranle le pays.

C'est un fiasco pour le système bancaire et pour son garant suprême, le gouverneur de la banque centrale, qui paraît avoir couvert, sinon encouragé, les manoeuvres frauduleuses de certains acteurs italiens dans cette bataille financière. C'est aussi un camouflet pour les institutions politiques italiennes qui, tardant à prendre position malgré ce nouveau "coup porté à la crédibilité du pays", selon l'expression du ministre de l'économie, Domenico Siniscalco, prennent le risque de laisser le champ libre à la justice, dont les investigations mettent chaque jour un peu plus en lumière les accointances troubles qui régissent le capitalisme italien et la classe politique.

Silvio Berlusconi a choisi une nouvelle fois de temporiser ­ jusqu'à l'automne ­ avant de prendre des décisions politiques sur le statut du gouverneur de la Banque d'Italie comme sur la réforme de la protection de l'épargne, en chantier depuis plusieurs années. Ce faisant, il court le risque de laisser la gestion de l'affaire à la seule justice, en l'occurrence le parquet de Milan.

Pour de nombreux observateurs, cette affaire illustre "la dégénérescence des institutions" italiennes. Cinq ans après avoir bâti la légitimité de son accession au pouvoir, en 2001, sur la promesse d'un retour à la primauté du politique face à la "République des juges" des années 1990, M. Berlusconi serait paradoxalement sur le point de laisser s'instaurer une période rappelant les opérations "Mains propres", dont il fut l'une des principales cibles.

Une leçon aurait pu être tirée du krach du groupe agroalimentaire Parmalat, qui révéla, fin 2003, l'opacité des relations entre le monde financier, le secteur industriel et la politique, ainsi que la faiblesse des contrôles dans un système dominé par la consanguinité des élites. Rendez-vous manqué, alors que, selon M. Berlusconi, à l'époque déjà, "la crédibilité du pays était en jeu".

Le projet de loi pour réformer en urgence et en profondeur le secteur du crédit, ainsi que le rôle des instances de régulation comme la Banque d'Italie, s'est enlisé au Parlement : dix-huit mois plus tard, rien n'a changé.

Le débat tourne toujours autour de l'omnipotence du gouverneur de la Banque d'Italie, Antonio Fazio, sorte de monarque nommé à vie, mais il tourne court en raison de ses amitiés de tous bords, et des nombreux services qu'il a rendus ici et là. Ainsi, son plus fort soutien actuel à droite est la Ligue du Nord, dont la banque, Credieuronord, a été sauvée in extremis de la faillite par une intervention suprême.

A gauche, l'attitude plus que partiale de M. Fazio dans l'OPA sur la banque Antonveneta, pour faire triompher une solution italienne face au néerlandais ABN Amro, révélée par de croustillantes écoutes téléphoniques dont la presse italienne publie des pages entières, a été qualifiée de "contraire à l'éthique" par l'ancien premier ministre de centre gauche Giulio Amato. Et Romano Prodi, leader de l'opposition, le somme avec insistance de "donner des explications".

Mais les démocrates de gauche (DS), tout en souhaitant qu'il démissionne, se montrent d'une prudence embarrassée. Il est vrai que, dans l'autre OPA, celle de l'espagnol BBVA sur la Banca Nazionale del Lavoro (BNL), le rôle du chevalier blanc italien a été joué par le groupe d'assurances Unipol, connu pour être l'une des institutions fleurons de la "finance rouge", réputée proche de la gauche italienne.


DÉJEUNER AVEC BERLUSCONI

Or, dans le montage de la contre-offensive d'Unipol sur BNL, apparaissent quelques zones d'ombre, et surtout certains protagonistes sulfureux de l'affaire Antonveneta.

Au nom du patriotisme économique, peut-on s'affranchir des règles, y compris européennes ? Antonio Fazio s'y est sans doute cru autorisé, en janvier, au sortir d'un déjeuner avec Silvio Berlusconi où les deux hommes s'étaient dits d'accord sur la nécessité de défendre l'"italianité" des banques. Le gouverneur s'est apparemment comporté comme au temps où la Banque d'Italie, rouage le plus pérenne de l'Etat quand celui-ci vacillait, gérait à sa guise le secteur captif du crédit.


DÉFAUT D'INFORMATION

Contesté y compris à l'intérieur de l'institution, M. Fazio persiste à plaider "un comportement correct". Ses manoeuvres sont aujourd'hui observées avec embarras par la Banque centrale européenne, et elles ne peuvent que renforcer la défiance de la Commission européenne à l'égard de l'Italie.

Si les irrégularités constatées par la Consob, le gendarme de la Bourse italienne, et maintenant par la justice étaient confirmées, les échecs des offres néerlandaise et espagnole feraient figure de victoires à la Pyrrhus.

La Banca Popolare Italiana (BPI, ex-Popolare di Lodi), qui a mené la contre-offensive sur Antonveneta, risque de devoir faire machine arrière, en laissant de nombreuses plumes dans la bagarre. Une mauvaise nouvelle au moment où tout le système bancaire est fragilisé, car rattrapé par son passé récent. Parmalat, par exemple, dont le procès débutera en septembre, se retourne contre les banques pour leur responsabilité dans le krach.

Le commissaire extraordinaire chargé de restructurer l'entreprise vient de réclamer 4,4 milliards d'euros de dommages et intérêts à Unicredit, le numéro un bancaire italien. Dans le cadre de ce scandale, comme dans celui des obligations du groupe Cirio, en banqueroute frauduleuse en 2003, des centaines de milliers de petits épargnants ont été floués par défaut d'information de leurs banquiers.

Ces derniers doivent aussi se justifier aux yeux des petits investisseurs ruinés par les bons du Trésor argentins qui, cas unique en Europe, ont été diffusés massivement auprès du grand public malgré les risques connus que représentaient ces titres.

Faut-il se rassurer, comme le font certains, du fait que ce scandale n'est qu'un parmi tant d'autres dans la longue existence de la Banque d'Italie ? "En France, il y a eu un scandale il y a quelques années, et tous s'en souviennent encore ; chez nous, les krachs d'un système parmi les plus inefficaces d'Europe sont devenus presque la règle", écrivait récemment Il Giornale, le quotidien dont le frère de Silvio Berlusconi est propriétaire, dans un éditorial fataliste.

La défense à tout prix de la fameuse "italianité" apparaît d'autant plus ringarde que la banque Unicredit, leader d'un marché italien pourtant peu compétitif, s'apprête à lancer, le 23 août, son offre publique d'échange sur le numéro deux allemand HVB. Avec toutes les chances de succès, car personne, en Allemagne, ne semble s'en émouvoir pour des raisons patriotiques.

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