Da Le Monde del 12/10/2005
Originale su http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-698153,0.html

Silvio Berlusconi, "putschiste électoral"

di Daniel Vernet

"Le peuple n'a plus la confiance du gouvernement, il convient de changer le peuple" , disait Bertolt Brecht. Silvio Berlusconi, qui, à toute occasion, "bouffe du communiste" ­ – bien qu'il n'y en ait plus beaucoup en Italie ­–, a trouvé son inspiration dans le conseil ironique du dramaturge allemand. Puisque le gouvernement ne peut faire confiance au peuple pour revoter pour lui, il convient de changer la loi électorale afin de transformer une défaite en victoire. C'est le but poursuivi par le président du conseil italien à quelque six mois des prochaines législatives.

Il est vrai que les perspectives ne sont pas riantes pour "Il Cavaliere". Depuis qu'il est revenu au pouvoir en 2001, Silvio Berlusconi a perdu pratiquement toutes les élections, les européennes comme les régionales ainsi que les communales. Bien que les sondages ne fassent pas le vote ­ – on vient d'en avoir une nouvelle confirmation en Allemagne ­–, les enquêtes d'opinion donnent la Maison des libertés, sa coalition de centre-droit, à douze ou quatorze points derrière l'Union, alliance des centristes, des démocrates de gauche et des petits partis communistes.

La situation économique déplorable, la persistance des déficits ­ – pour la quatrième année consécutive, le déficit budgétaire dépassera la barre des 3 % du produit intérieur brut ­–, la multiplication des scandales – ­ le dernier en date touche le gouverneur de la Banque centrale italienne, Antonio Fazio, autrefois un havre de vertu dans un pays en proie à l'instabilité et à la corruption ­–, ne laissent rien présager de bon pour Silvio Berlusconi et pour son parti, Forza Italia, ainsi que pour ses alliés, l'Alleanza nazionale, la Lega Nord et l'aile droite des restes de la Démocratie chrétienne.

L'astuce consiste à revenir à un système électoral proportionnel, avec un handicap pour les petits partis et une prime à la coalition qui comprend le moins de formations politiques. En effet, cette clause défavoriserait l'Union par rapport à la Maison des libertés.

Une autre disposition vise à compliquer la vie de Romano Prodi, le chef de file de l'opposition. Qu'on s'en étonne ou non après son passage controversé à la tête de la Commission de Bruxelles, celui-ci reste un adversaire redoutable pour Silvio Berlusconi. Or, selon le projet de loi, les listes proposées aux suffrages des électeurs devraient être établies par les partis politiques. Autrement dit, Romano Prodi devrait, pour mener l'opposition à la bataille, soit créer sa propre formation, soit adhérer à une des composantes de l'Union, alors qu'il doit sa popularité à une position au-dessus des partis.

La coalition actuellement au pouvoir espère, par cette sorte de "putsch électoral", gagner des élections plutôt mal engagées, ou au moins limiter la victoire de ses adversaires de gauche. Dans cette hypothèse, elle a d'ailleurs prévu de plafonner à 340 le nombre de sièges revenant à la coalition victorieuse.

Ce n'est pas la première fois que Silvio Berlusconi en prend à son aise avec les règles du jeu démocratique. Comme il trouve malhonnête ou dangereux de violer ouvertement la loi, il préfère utiliser sa majorité parlementaire pour la changer en sa faveur. Y compris avec effet rétroactif en cas de besoin. Il l'a fait à propos des conflits d'intérêt entre sa position de chef du gouvernement et ses affaires privées, de la dépénalisation des bilans truqués et du raccourcissement des délais de prescription pour les délits financiers.

Maintenant, "Il Cavaliere" réforme la règle du jeu électoral parce qu'elle lui paraît défavorable, après avoir tiré profit et gloriole du système majoritaire (mâtiné d'un brin de proportionnel) adopté par référendum dans les années 1990 pour servir de base à ce qu'on a appelé "la IIe République". La Ire République avait été, quant à elle, marquée par l'instabilité gouvernementale, le règne des partis, le trasformismo , c'est-à-dire le passage des groupuscules charnières de la majorité à l'opposition, et vice versa, au gré des ambitions de leurs dirigeants, sans que l'électeur ait son mot à dire. L'introduction de la règle majoritaire n'a pas guéri tous les maux de la démocratie italienne, mais elle a, au moins, favorisé une certaine stabilité gouvernementale. Silvio Berlusconi se vante d'ailleurs d'être le premier président du conseil depuis des décennies à avoir tenu une législature entière. Elle a également permis la formation de deux grandes coalitions de centre-droite et de centre-gauche, et l'alternance entre elles.

Les alliés de Silvio Berlusconi ont hésité avant de soutenir la réforme de la loi électorale – ­ l'Alleanza nazionale du ministre des affaires étrangères, Gianfranco Fini, craignant notamment d'être marginalisée par une coalition centriste. Les plus enthousiastes sont les démocrates-chrétiens de droite, menés par le président de la Chambre des députés, Pier Ferdinando Casini. La proportionnelle leur redonne l'espoir d'une réunification avec leurs frères séparés de gauche et d'une résurgence d'une grande force démocrate-chrétienne, digne héritière de celle qui fit presque tous les gouvernements de la Ire République. Le piège que Silvio Berlusconi tend à la gauche se refermerait alors sur lui. Mais le prestige de l'Italie ne sortirait pas grandi de ces tripatouillages institutionnels.

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