Da Le Devoir del 29/11/2005
Originale su http://www.ledevoir.com/2005/11/29/96414.html

Le gouvernement tombe

L'opposition force Paul Martin à déclencher des élections

di Hélène Buzzetti

Ottawa - Les libéraux se sont inclinés hier soir à la Chambre des communes dans la fébrilité et la dignité. L'atmosphère était presque joyeuse, et les députés semblaient soulagés par la tenue du vote de censure dont l'issue ne faisait aucun doute. Puis les leaders des quatre formations politiques fédérales ont montré de quel bois ils allaient se chauffer pendant cette campagne hivernale, les libéraux diabolisant le conservateur Stephen Harper et son «alliance avec les séparatistes» et M. Harper promettant d'aller au-delà de la simple opposition pour offrir une autre forme de gouvernement aux Canadiens.

C'est le ministre Pierre Pettigrew qui a le mieux résumé le sentiment des députés après le vote décisif. «Au point où on en était rendu, on n'avait plus le choix.» Comme prévu, la Chambre des communes s'est prononcée sur une motion de censure des conservateurs à 171 voix pour et 133 contre. Tous les libéraux étaient présents, et l'indépendante Carolyn Parrish a voté avec ses anciens collègues. Les trois autres indépendants ont voté avec l'opposition. Un seul député était absent. Des feuilles ont été projetées dans les airs par des libéraux à l'annonce du résultat.

C'était la première fois depuis 1963 qu'un gouvernement fédéral minoritaire était défait de cette façon. Paul Martin se rendra ce matin à 9h30 à Rideau Hall pour demander à la gouverneure générale de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections. Le scrutin sera vraisemblablement appelé pour le 23 janvier prochain. Tout indique qu'une trêve sera décrétée entre les partis entre Noël et le jour de l'An.

Paul Martin s'est immédiatement réuni avec ses troupes après le vote pour prononcer son discours de lancement de campagne. «Je suis fier de ce que vous avez accompli au cours des derniers 17 mois. Vous avez rendu le Parti libéral fier et les Canadiens fiers.» La diabolisation des conservateurs et des bloquistes a accaparé une bonne partie de son allocution partisane. «Le Canada imaginé par Stephen Harper diffère de celui que nous imaginons», a lancé le premier ministre sortant.

De l'autre côté du corridor, Stephen Harper s'est adressé à une foule gonflée à bloc de députés, d'adjoints et de membres de sa famille. Le tout ressemblait davantage à un rallye électoral. «Il faut faire le ménage, le vrai ménage, le grand ménage», a-t-il lancé à ses partisans en liesse. M. Harper a déclaré que sa formation méritait davantage que d'être dans l'opposition. «Ce n'est pas assez de montrer au public ce contre quoi nous nous opposons. Nous devons leur offrir un vision inspirante pour le futur.»

Le thème de l'unité nationale a occupé une place importante de ce lancement de campagne. Paul Martin a promis de se battre contre toute velléité séparatiste de la province. «Nous allons nous battre contre ce projet parce que le fédéralisme fonctionne !» Prenant à partie M. Harper, il lui a reproché de ne pas s'être attaqué au nouveau chef péquiste André Boisclair lorsqu'il a averti qu'il ne respecterait pas la Loi sur la clarté. «Tu as fait une alliance avec les séparatistes, mais pas moi, et je ne me gênerai pas pour défendre le Canada !»

M. Harper a fait le souhait d'un «Québec plus fort au sein d'un Canada meilleur».

Pour M. Duceppe, cette élection sera l'occasion de rappeler aux libéraux qu'on ne devrait pas gouverner de la même manière lorsqu'on dirige une équipe minoritaire. Même si le résultat de cette élection était similaire à celui de 2004, avec un gouvernement minoritaire libéral, cette élection ne serait pas tenue en pure perte, croit le chef du Bloc. «L'analogie que je fais, c'est avec le premier gouvernement minoritaire de Lester Pearson [en 1963-65] parce qu'il avait eu cette même attitude, d'être arrogant, à la libérale. Quand il est revenu au pouvoir [encore minoritaire], il a gouverné de façon différente.»

À sa dissolution, le Parlement fédéral comptait 133 députés libéraux, 98 conservateurs, 53 bloquistes, 18 néo-démocrates, quatre indépendants. Deux sièges étaient vacants, un en Colombie-Britannique et un au Québec (celui du député Stéphane Bergeron parti tenter sa chance sur la scène provinciale).

La période de questions quotidienne d'hier, la dernière de cette 38e législature, était survoltée. Les ovations se sont succédé, les cris ont ponctué les déclarations de tout un chacun. Tant le Parti conservateur que le Bloc québécois ont commencé leur campagne à la Chambre en dévoilant de nouvelles munitions : une participation alléguée du gouvernement dans un délit d'initié et le passage d'avions-espions de la CIA en territoire canadien.


SONDAGES CONFUS

Les libéraux entament cette campagne, encore une fois, avec une longueur d'avance dans les sondages. Mais de combien ? Les sondages parus récemment laissent voir des chiffres assez différents. Le coup de sonde d'Ipsos-Reid montre une lutte extrêmement serrée entre les deux partis nationaux, alors que les libéraux obtiennent 34 % des intentions de vote contre 30 % pour les conservateurs. Le NPD suit avec 16 %. La firme a joint 1000 personnes dans tout le pays, avec une marge d'erreur de 3,1 % 19 fois sur 20. Le sondage Ekos, lui, fait état d'une avance plus confortable pour les libéraux (39 % contre 29 % et 17 % pour le NPD), mais la marge d'erreur est plus élevée compte tenu du fait que seulement 802 personnes ont été interrogées.

La campagne électorale pourrait faire la différence, puisque le nombre d'indécis est très élevé. Une majorité importante d'électeurs (62 %) estiment que les libéraux ne doivent pas être réélus contre 33 % qui jugent que Paul Martin mérite un autre mandat. Les citoyens sont aussi moins critiques envers Stephen Harper, puisqu'ils sont maintenant 42 % à se dire «à l'aise» avec l'idée d'avoir un gouvernement minoritaire conservateur.


DÉLIT D'INITIÉ

Les conservateurs semblent déterminés à prendre l'initiative en matière d'attaque. Ils ont accusé en Chambre hier le ministre des Finances ou son entourage d'avoir contribué à un délit d'initié la semaine dernière. Juste avant que soit annoncé un changement du taux de taxation des dividendes, les marchés se sont emballés, le volume d'actions des entreprises versant de ces dividendes (comme BCE ou la Banque royale) augmentant de façon soudaine. Les conservateurs soupçonnent le gouvernement d'avoir averti certaines personnes que des changements allaient se produire.

«Il y a des preuves, a assuré le député conservateur, Monte Solberg. Des investisseurs nous écrivent que certaines personnes se seraient fait mettre la puce à l'oreille.»

Le ministre Goodale n'a pas du tout apprécié ce qu'il considère comme une «campagne de salissage». «Ce sont des tentatives très mesquines de diffamation, a déclaré le ministre à la sortie de la Chambre. Je suis satisfait de ma conduite, non seulement dans ce dossier, mais dans toute ma vie publique. Je suis absolument satisfait et je suis déterminé à ce que cette réputation reste sans tache.»

Il faudra voir si la stratégie conservatrice d'attaquer les libéraux sur leur intégrité financière réussira ou se retournera contre eux. Les troupes conservatrices doivent faire attention. Leur campagne avait complètement déraillé en 2004 après avoir accusé Paul Martin d'encourager la pornographie juvénile. La semaine dernière, ils ont affirmé que le PLC était associé au «crime organisé» dans le scandale des commandites. L'écho n'a pas été très positif jusqu'à présent, et les libéraux commencent déjà à se servir de ces munitions.

Le Bloc québécois, quant à lui, exige toujours des réponses du gouvernement à propos d'«avions-prisons» de la CIA qui auraient, selon La Presse, atterri en sol canadien au moins 55 fois au cours des quatre dernières années pour se rendre entre autres à la base de Guantanamo, où sont encore emprisonnés des centaines de présumés terroristes. Berlin aurait demandé à Washington vendredi de s'expliquer à propos d'escales effectuées en sol allemand.

La ministre se borne à répondre qu'elle n'a aucun renseignement à ce sujet. «Il n'y a aucune information crédible à propos de ces vols qui suggérerait que ces avions ont été utilisés pour transporter des terroristes au Canada ou à partir du Canada ou que des activités illégales aient été perpétrées.»

M. Duceppe voit dans cette réponse une attitude de déni similaire à celle ayant prévalu dans le dossier des commandites. «Les libéraux sont en poste. Il est du devoir de la ministre de vérifier. Je ne lui demande pas si elle a des informations. En effet, si on ne veut pas avoir d'information, on n'a rien qu'à ne pas en demander. Si on ne veut pas voir, on se ferme les yeux. Si on ne veut pas entendre, on se bouche les oreilles.»
Annotazioni − Avec la collaboration d'Alec Castonguay

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